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Rapport FEJ URASS

Evaluation Projet du Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse (FEJ)

Dans le cadre du programme APDOM 3 consacré à la lutte contre les discriminations et à l’insertion socioprofessionnelle dans les Départements d’Outre Mer, mission d’évaluation d’un projet porté par l’URASS de Martinique consacré à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes psychiquement vulnérables  sortant d’IME et d’IMPRO.

 

 

 

 

L’URASS Martinique, en lien étroit avec les IMPRO de ce département, s’est engagée à créer et développer une Cellule Expérimentale d’Accompagnement à l’Insertion Sociale et Professionnelle des Jeunes (CEAISPJ) sortant d’IMPRO, une part significative d’entre eux n’étant pas en mesure d’intégrer, à leur sortie, le monde du travail. Au-delà des difficultés inhérentes à la situation économique et au marché de l’emploi en Martinique qui touchent fortement les jeunes Martiniquais, ces jeunes – atteints de déficience intellectuelle, fragiles et psychiquement vulnérables – méconnaissent généralement les métiers et secteurs qui vers lesquels s’orienter et ne disposent pas d’emblée les connaissances et compétences leur permettant d’occuper un emploi en milieu ordinaire de travail voire même en milieu protégé. De fait, leur insertion sociale et professionnelle s’avère encore plus difficile encore que pour les autres jeunes Martiniquais.

 

Le travail d’accompagnement socioprofessionnel, adapté et renforcé par rapport à celui dont ils pourraient bénéficier au sein d’autres réseaux tels que ceux des Missions Locales ou encore de CAP Emploi, visait à faciliter les conditions de leur intégration sociale et professionnelle et à aboutir à une insertion durable dans l’emploi. Conçue comme un accompagnement dont ils ne soient pas « objet » mais « acteur », cette expérimentation s’inscrivait bien dans l’esprit des lois 2002-2 et de 2005 et faisait écho au Schéma Régional d’Organisation Médico-Social contenu dans le Projet Régional de Santé de la Martinique : « renforcer l’autonomie de la personne en situation de handicap ».

 

Malgré un démarrage retardé de près de 6 mois (incertitude du bouclage financier), l’expérimentation, portant sur 3 groupes de 10 jeunes (au lieu de 4 groupes initialement prévus) et déclinée de façon territorialisée pour se situer au plus près de leur territoire de vie (Fort de France pour le secteur Centre – Trinité pour le secteur Nord – Rivière Pilote pour le secteur Sud), a produit (en partie) les effets escomptés :

  • un accès aux droits, en particulier ceux relatifs aux personnes en situation de handicap, très nettement facilité par le travail d’accompagnement et effectif pour la quasi-totalité des jeunes (inscription Pôle Emploi et Mission Locale, accès à l’AAH, instruction et délivrance de la RQTH, ORP…).
  • un travail d’accompagnement qui a permis de développer pour la majorité des jeunes une capacité à se projeter et à élaborer un projet professionnel « testable » dans le cadre de l’expérimentation ;
  • une immersion en milieu ordinaire de travail, courte et/ou longue qui a pu se concrétiser pour la majorité des jeunes accompagnés (variable toutefois selon les groupes) ;
  • un effet emploi à la sortie marginal (1 seul) mais des perspectives de travail pour les 2/3 d’entre eux, en milieu ordinaire ou en milieu protégé, une orientation autre que le travail étant envisagée ou à envisager pour les autres.

 

Au final, la valeur ajoutée qui nous semble la plus notable réside dans ce qu’y ont trouvé la plupart de ces jeunes : un cadre et un espace pour penser leur devenir, vivre une première expérience de travail en milieu ordinaire, et donc confronter leurs représentations premières concernant le travail et l’entreprise à une réalité vécue, éprouver le rapport aux autres dans ce cadre, adultes en particulier…

 

Si le dispositif mis en place produit bien des effets en regard des objectifs fixés, ceux-ci auraient sans doute été plus probant notamment quant à l’accès (et maintien) dans l’emploi si le travail de réseautage en amont auprès des employeurs et collectivités territoriales avait été pleinement réalisé et s’était appuyé sur la dynamique de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et pourquoi pas sur un Pacte Territorial pour l’Emploi des Jeunes. C’est à cette condition qu’une réplication de l’action nous apparaîtrait pertinente sur le territoire de la Martinique, en l’élargissement à d’autres publics (cf. les autres jeunes vulnérables sortants des ULIS ou de lycées professionnels, les usagers d’ESAT…), et en revisitant les objectifs que l’on peut raisonnablement viser, cette expérimentation démontrant bien la nécessité de donner du temps au temps et qu’il est sans doute très (trop) ambitieux de viser pour ces jeunes une « insertion de qualité durable » à l’issue d’un accompagnement d’une durée de 9 mois. Une poursuite de l’accompagnement (relai ? service de suite… ? etc.) serait d’ailleurs nécessaire pour permettre à ces jeunes d’atteindre cet objectif d’insertion durable dans l’emploi.